Aurélie GOSSELIN
Psychopédagogue et psychopraticienne
Diplômée en Neuropsychologie
psy cog pedagogique
Aurélie GOSSELIN
Psychopédagogue et psychopraticienne
Diplômée en Neuropsychologie

Chroniques d'une psychopédagogue - Juillet 2025


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Les vacances battent leur plein et avec elles, le temps des jeux en famille. Pour ma part, j’aime bien jouer mais je ne suis pas une très bonne perdante. Et, forte de cette expérience de mauvaise joueuse, j’aime bien observer les enfants lorsque je joue avec eux en séance. Si vous en avez l’occasion, prenez le temps d’un Skyjo, d’un jeu de 7 familles ou d’un Uno cet été et observez les stratégies, les tentatives de triche, le raisonnement ou encore les réactions de votre enfant (et les vôtres !). Etes-vous sûr de n'avoir plus rien à apprendre ? 

« Aucun jeu ne peut se jouer sans règles. », Vaclav Havel

Quand j’étais enseignante, je n’avais pas souvent l’occasion de jouer, en tout cas, pas au sens propre. Il est assez rare de proposer une partie de cartes à une classe de 27 élèves et je dois dire que le loup-garou traditionnel de fin d’année n’est pas le jeu que j’affectionne le plus, ni celui qui est le plus intéressant sur le plan cognitif. A tout prendre, si vous voulez avoir un peu de répit, je vous propose plutôt Le Roi du silence ou un petit Jacques a dit de ne pas parler pendant 20 minutes...

Le jeu, vecteur d’apprentissage ?

Mais reprenons sur le sujet qui nous occupe.

Il m’est arrivé, avec certaines classes et notamment les plus jeunes, de proposer des jeux : un domino sur les nombres décimaux, un mémory sur les propriétés des parallélogrammes, un pendu en géométrie… Avec le recul, je ne crois pas que ces activités et ces supports aient été très pertinents et que les élèves en aient retiré grand-chose. Je ne dis pas que ça ne fonctionne jamais, que le jeu n’est pas une bonne idée. Je dis simplement que je n’ai peut-être pas su m’y prendre.

Mon objectif, alors, était d’ancrer ce que nous venions de voir, de préparer un contrôle ou encore de proposer un temps d’interaction plus ludique que les séances de révisions habituelles mais je crois, aujourd’hui, qu’il manquait un étayage, un temps collectif pour faire le point, pour formaliser les choses.

Et surtout, en y réfléchissant, je m’aperçois que le jeu était surtout un outil formidable lorsqu’il permettait de travailler sans en avoir l’air et lorsque l’objectif était moins pédagogique.

Je me souviens d’élèves en difficulté en calcul mental, de classes peu enthousiastes qui réclamaient encore et encore du temps lorsque je leur proposais, en début d’heure, le jeu Le compte est bon. Je pense que je peux avouer sans risque aujourd’hui que je leur ai parfois laissé jusqu’à vingt minutes pour trouver la solution.

Le jeu, porte d’entrée dans les apprentissages

Alors, je reconnais que l’intérêt pédagogique, surtout en troisième était limité. En revanche, je sais que ce temps de jeu en début d’heure – qui était quand même presque toujours une session de calcul mental ludique – a très régulièrement permis de mettre les élèves au travail. Ils arrivaient avec leur (manque de) motivation d’adolescents mais au bout d’une ou deux sessions, d’une ou deux parties, ils avaient oublié qu’ils n’avaient pas envie. Ils ne s’apercevaient même pas qu’ils avaient travaillé le raisonnement, la coopération, le calcul mental, leurs stratégies de résolution.

Et aujourd’hui, encore, en séance, je constate les bénéfices de ce temps « perdu ». Parfois, c’est juste pour leur faire plaisir mais, le plus souvent, c’est du temps gagné parce que l’adolescent bougon, après avoir gagné une partie de Skyjo, est bizarrement bien plus motivé pour travailler sur ses objectifs.

Et puis, pour eux comme pour moi, hier comme aujourd’hui, en classe comme en séance, c’est un rituel. Un moment que l’on partage ensemble, rassurant, amusant, sans pression, sans enjeu, si ce n’est celui de ne pas être le plus mauvais perdant des deux. Ou plutôt celui de ne pas perdre tout court.

J'ai construit le cahier de vacances autour de cette expérience avec l'envie de vous proposer un support qui vous permette de mettre en place ce rituel ludique, de partager cinq minutes – ou plus – autour d’un jeu que personne ne gagne ni ne perd.

Jouer pour mieux se connaître

Et surtout, j'ai construit cette ressource avec l'objectif que vous puissiez observer votre enfant lorsqu'il joue, lorsqu'il cherche et apprend. 

Je me souviens d’un élève qui était tellement absorbé par le fait de me faire perdre qu’il en oubliait de gagner. Cet élève était en conflit avec ses enseignants et avec l’école en général : il était si occupé à rejeter tout et tout le monde qu'il ne percevait pas le mal qu'il se faisait à lui-même en refusant de collaborer et de saisir les mains tendues

Sur un plan plus cognitif, je remarque que, lorsque je joue au Mastermind avec eux, ils commettent des erreurs de compréhension, de raisonnement ou d’inattention. Si le blanc n’est pas là, ni là, peut-il être ici ? Comment faire le lien entre tous les indices qu’ils ont reçus pour trouver le code ? Beaucoup d’entre eux se perdent au fil du jeu. Comment pourraient-ils alors traiter un exercice de bout en bout ?

Et puis, parfois, le jeu révèle des atouts insoupçonnés et insoupçonnables : il y a, par exemple, cette petite, en grande difficulté à l’écrit mais qui choisit toujours le jeu le plus dur, celui où elle doit trouver les bons indices pour me faire deviner une carte. C’est un jeu sur lequel elle est en grande réussite et c’est quasiment la seule. Cela en dit beaucoup sur ce qu’elle sait faire, ce qu’elle comprend et ce qu’elle ne parvient pas à expliquer pour autant.

Jouez avec eux : vous apprendrez à les connaître pour mieux les aider ensuite.

Apprendre à tricher

Ils tricheront parfois, sans vergogne ou en vous observant du coin de l'oeil. 

Il est très amusant de les voir changer les règles en cours de route, trouver des arguments pour négocier parce qu’ils n’avaient pas vu que c’était cette couleur-là, de les voir scruter mes lunettes pour y trouver le reflet de mes cartes.

Lorsqu’ils apprennent à tricher, sans s’en rendre compte, ils s’approprient les règles, trouvent des solutions pour les contourner. La triche leur offre d'innombrables possibilités de développer leur ingéniosité, leurs stratégies.  En écrivant ces mots, je repense à un de mes élèves, il y a quelques années. Il n'apprenait jamais ses leçons. Mais, et je le soupçonne d'avoir souvent triché aux jeux, il avait, une fois, réussi à résoudre tout un exercice en contournant le théorème attendu. Et c'était bon. Et je lui avais mis les points de bonne grâce. 

Pour autant, si j'espère pour cet élève qu'il a su aussi bien s'en sortir par la suite, je suis également convaincue que c’est important de leur apprendre, aussi, à tenir compte des règles.

Là encore, me revient en mémoire ce petit garçon qui, au memory, me disait : « Je joue trois fois et toi une ». Lorsque je jouais enfin, il ne me laissait pas le temps de terminer avant de reprendre son tour. Pour cet élève, il était difficile de lever la main avant de parler, de lire les consignes jusqu’au bout ou encore de jouer sereinement avec ses camarades.

Savoir tricher, c’est bien, gagner dans les règles, c’est mieux. 

Et finalement progresser

Le jeu est une leçon de vie à part entière et un merveilleux levier pour les apprentissages. Il met à contribution les fonctions cognitives liées aux attendus scolaires, oblige à respecter des contraintes mais aussi à composer avec l’autre.

Apprendre à jouer, c’est apprendre à perdre, à essayer, à recommencer. C’est apprendre à gérer ses émotions, à accepter la défaite. C’est chercher aussi des stratégies pour contourner le problème et puis, finalement, comprendre ce qu’on attend et y répondre. Apprendre à jouer, c’est apprendre à partager, à laisser à l’autre la place de s’exprimer et de jouer à son tour.

Mais, comme je l’évoquais au début de l’article, le jeu surtout prend tout son sens s’il est étayé, si le lien avec les apprentissages est fait de façon explicite : Pourquoi as-tu perdu ici ? Qu’aurait-il fallu que tu fasses différemment ? Comment pourras-tu faire la prochaine fois ?

C’est mon objectif en créant Le cahier de vacances cognitif : vous proposer des jeux variés et amusants pour exercer toutes les fonctions cognitives en lien avec les apprentissages. Les exercices proposés permettent d’entraîner la mémoire, l’attention visuelle, la recherche et la gestion d’informations, la résolution de problèmes, etc…

Je vous souhaite d’y trouver de quoi passer de bons moments en famille ! N'oubliez pas que vous pouvez donner votre avis ou partager une anecdote dans les commentaires ou encore retrouver la chronique du mois de juin sur les cahiers de vacances.

A bientôt !


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