Chroniques d'une psychopédagogue - Août 2025
Cette année, nombre d’élèves que j'accompagne entrent en 6e et si cette transition est souvent anxiogène pour eux, je sais qu’elle l’est aussi pour d’autres… j’ai nommé : les mamans ! (Pardon pour les papas, je ne dis pas que vous n’êtes pas inquiets mais je vous croise moins souvent en séance). Cette idée d’article a donc germé dans mon esprit bien avant les vacances mais je trouvais, à quelques jours de la rentrée, que c’était le bon moment pour vous le partager.
NOUVEAU !

« Il est indispensable d'aller au collège. C'est le seul moyen d'apprendre ce qui n'a aucune importance. », Edgar Watson
3 conseils pour bien préparer la rentrée au collège
Pour tout dire, j’ai longtemps évité de prendre des 6e lorsque j’étais enseignante. Sur les sept années que j’ai passées à enseigner, je n’ai eu des 6e que pendant deux ans. Je n’avais rien contre eux, bien entendu, mais je préférais les grands. Et je m’aperçois aujourd’hui à quel point j’aime accompagner les enfants, qui n’en sont déjà plus vraiment, pendant les quelques mois qui précèdent et qui suivent l’entrée en 6e. J’aime aussi accompagner les familles car je sais que cette période est source d’enjeux et que, bien souvent, elle ne se passe pas du tout comme prévu.
Profiter du CM2

La rentrée au collège – comme celle au lycée plus tard – s’anticipe, se prépare, souvent de longs mois en avance. La bonne nouvelle tient dans le fait que cette préparation se fait tout au long de l’année de CM2, souvent (bien) accompagnée par les enseignants qui mettent en place, progressivement une nouvelle organisation dans la gestion des devoirs, du matériel et des évaluations, dans un souci d’autonomisation et de responsabilisation.
A la maison, le rôle des parents est de soutenir cette transition qui s’annonce :
- on introduit de nouveaux supports d’organisation : planning hebdomadaire, liste de choses à faire,
- on met en place de (nouvelles ?) bonnes habitudes : préparation du sac la veille au soir, préparation des affaires, chaussures de sport et matériel de géométrie…
- on ritualise les choses : vérification du carnet de correspondance ou du cahier de textes, session de calcul mental ou de dictées courtes le mercredi ou le week-end...
Au-delà de l’aspect purement scolaire, le CM2 est également une étape clé dans le développement de l’enfant qui, progressivement, devient un pré-adolescent, qui bientôt s’inscrira dans de nouvelles relations, à l’égard des autres mais aussi à l’égard de ses propres parents. Et les parents en question, justement, ne sont pas toujours prêts à voir émerger chez leur enfant ce nouvel individu qui cherche sa place. C’est donc l’occasion de faire connaissance et de lui donner les outils et la liberté dont il a besoin :
- on rassure en préparant et en accompagnant le nouveau trajet jusqu’au collège : baptême du feu en bus avec maman ou papa au fond du car ou dans la voiture derrière,
- on apprend les numéros de téléphone d’urgence et ceux de la maison, de papa, de maman, de mamie,
- on commence à laisser le futur collégien seul à la maison et on lui apprend à faire cuire des pâtes pour les jours de grève,
- on le responsabilise et on lui apprend à assumer la gourde perdue au gymnase qu’il faut retourner chercher, le retard matinal parce que le sac n’était pas prêt et dont il convient de s’excuser auprès de l’enseignant(e), les oublis de matériel ou de devoirs qui ne peuvent pas toujours être sauvés par un message sur le groupe Whatsapp de classe…
- on crée de nouveaux rituels « de grands » : restau à deux, cinéma et pop-corn un mercredi par mois...

Si je devais résumer ce conseil en quelques mots, je dirais que l’année de CM2 est le bon moment pour s’intéresser au futur adolescent qui vivra sous votre toit pendant les prochaines années et pour accompagner cette transition en douceur en lui montrant que devenir grand n’est pas forcément renoncer à être l’enfant de ses parents.
Laisser venir septembre
Très souvent, quand viennent enfin les vacances, après la dernière kermesse, le dernier au-revoir, parents et enfants sont plein de bonnes résolutions. L’objectif ? Préparer l’entrée en 6e pendant les vacances. Alors, bonne ou mauvaise idée ?
On voit souvent fleurir des stages de préparation à la rentrée au moment des grandes vacances. A la fin de ma première année en tant que psychopédagogue, j’en ai proposé un, moi aussi.

Aujourd’hui, je ne le fais plus. Ce n’est pas un mauvais souvenir et je crois, à cette occasion, leur avoir fourni des supports à réexploiter, des outils et des méthodes de travail efficaces. Mais je ne le fais plus parce que je suis convaincue que le meilleur moyen de préparer la rentrée est encore de la laisser venir tranquillement.
Et si vous n’avez pas eu l’occasion de travailler comme prévu pendant les vacances, si le bureau n’est pas rangé et les cahiers bien étiquetés quand vient la rentrée, je vous conseille de relativiser : on n'apprend jamais si bien qu’avec l’expérience. Votre enfant se trompera de salle, de jour, d’heure et de cahier. Il oubliera ses chaussures de sport et son carnet ou sa carte de cantine et ça n’a pas d’importance. Il oubliera aussi de rendre son devoir maison et de réviser le contrôle du lendemain mais si vous lui avez appris à s’excuser, à assumer, si vous lui avez expliqué que l’erreur est humaine et qu’une seule note ne saurait remettre en question son implication, sa participation et son envie de bien faire alors tout ira bien.
Préparer la rentrée, c’est aussi parfois simplement prendre le temps d’aménager un nouvel espace de travail en attendant de pouvoir l’utiliser. Et quand septembre est enfin là, il est encore temps de reprendre le rythme, de mettre en place les bonnes habitudes et les outils dont votre enfant a besoin :
- Faîtes en sorte que l’emploi du temps plastifié figure en bonne place,
- Organisez les cahiers et les manuels par matière (une couleur par matière si possible) et la liste des choses à prendre dans chacune d’entre elles (ou chaque jour),

- Faites la liste des rituels : vérification du carnet, de l’agenda et de pronote chaque soir, préparation du sac, des vêtements…
- Faites la liste des impondérables à mettre dans le sac chaque jour : carnet, agenda, trousse...
Plus important encore, accompagnez votre enfant le moment venu :
- Il a besoin que vous fassiez son sac avec lui tous les soirs ? Et pourquoi pas ? Faîtes-le au départ puis proposez-lui de simplement le vérifier et vous verrez qu’il n’aura bientôt plus besoin de vous ;
- Il n’arrive pas à savoir par quoi commencer dans la liste des devoirs ? Aidez-le à choisir les premiers temps puis demandez-lui son avis, ce qu’il préfère, ce qui est le plus facile ou le plus difficile ;
- Il vous dit qu’il n’a pas de devoirs ? Habituez-le à relire ses leçons, à vous expliquer ce qu’il a appris, retenu, à faire une petite fiche chaque jour...
Septembre touchera à sa fin avant même que vous ne l’ayez vu passer et un matin, vous verrez votre enfant partir, le sac négligemment posé sur une épaule et vous vous apercevrez qu’il a pensé tout seul à ses baskets pour le sport et qu’il n’a même pas eu besoin de vous demander de relire ses maths la veille au soir.
Faire confiance
Le passage au collège est souvent source d’inquiétude mais je sais aussi que cette angoisse est exacerbée lorsque votre enfant souffre d’un ou plusieurs troubles des apprentissages ou encore d’un trouble de l’attention. L’entrée au collège signifie alors la démultiplication des interlocuteurs : onze enseignants, un(e) CPE, un(e) principal(e), une infirmière scolaire… et le PAP dans tout ça ? Et le GEVA-Sco ? Et les aménagements ?
De la même façon que le mois de septembre est un temps d’ajustement pour vous, il est de bon ton de laisser aux enseignants et au personnel du collège la possibilité de rencontrer votre enfant, de le découvrir avec ses spécificités et ses besoins. Votre enfant est différent, il a besoin d’aménagements, d’un suivi particulier ? Oui, sans aucun doute mais ce n’est pas le seul. Dans quelques jours, dans quelques semaines, vous rencontrerez l’enseignant(e) principal(e) de votre enfant ou peut-être même tous les enseignants de la classe. Ce sera l’occasion d’échanger avec lui ou avec elle… ou pas ! Et si ce n’est pas le cas, envoyez un petit mail sur Pronote ou laissez un petit mot dans le carnet.

Ne cherchez pas à rencontrer tout le collège avant même que l’heure de la rentrée ait sonné. Soyez réaliste mais soyez patient : bien sûr, les aménagements ne seront pas pris en compte tout de suite dans toutes les matières, peut-être même qu’au départ, personne ne les mettra en œuvre. Bien sûr, votre enfant se fera reprendre parce qu’il a pris la parole sans lever la main ou parce qu’il a oublié son sac dans la cour. Peut-être même sera-t-il puni parce qu’il aura du mal à comprendre les règles de vie de classe… et ce n’est pas grave. Dès les premières semaines, vous aurez l’occasion d’échanger avec les enseignants et vous saurez très vite avec lesquels la discussion est possible, vous cernerez très vite ceux qui, PAP ou non, ne mettront pas en place les aménagements.
Il vous faudra sans doute vous battre parfois, insister souvent mais il vous faudra aussi apprendre à faire confiance : à votre enfant pour ce qu’il sait et peut faire, aux enseignants parce qu’une grande partie d’entre eux est de bonne volonté et à vous-même enfin parce que vous ferez toujours ce qu’il y a de mieux pour celui qui a besoin de vous.
Et si, malgré tout, vous ressentez le besoin d’un soutien extérieur, d’une aide pour accompagner cette transition… il sera toujours temps d’en discuter ensemble !
